Je ne suis pas chroniqueur et je pense que je
ne ferai jamais une bonne chronique. Ah oui, aussi : j'évite de
lire les chroniques, je les trouve souvent chiantes, et je préfère
lire directement les livres. Voilà, c'est dit.
J'ai dévoré « Je suis ton ombre », de
Morgane Caussarieu. Et j'ai envie de
partager ce moment de lecture.
Le propos ? Le sud-ouest de la France, de
nos jours. Poil de Carotte est un petit garçon qui se cherche...
Va-t-il faire ami-ami avec Timmy, dont la bande de potes terrorise
les élèves de l'école, ou va-t-il rester fidèle à David, son
copain un peu lourdaud ? Et puis cette vieille maison au milieu
des bois, partie en flammes, ses occupants dont on ne sait pas
grand-chose... Quel mystère plane sur la vieille demeure ? Poil
de carotte y découvre un cahier qu'il feuillette chaque jour :
il lui livre un récit terrifiant, celui vécu par deux enfants au
cœur des bayous de Louisiane quelques siècles plus tôt. Quels
liens mystérieux Poil de Carotte noue-t-il avec les protagonistes de
ce journal ?
La mécanique du roman se met doucement en
place, les deux histoires convergent vers un final implacable.
Terrible.
« Je suis ton ombre » est un récit
fantastique. Il me semble qu'il vaut mieux ne pas dévoiler au
lecteur de quel « sous-genre » il relève : j'aurais
préféré ne pas le savoir et le découvrir au cours de ma lecture.
Mon conseil : ne lisez pas la 4e de couv.
Premier atout du roman : une écriture qui
m'a ravi, mais je préfère parler de « voix des personnages »
que d'écriture ou de style. Bref, c'est fluide, élégant,
immersif. Nickel. Autres atouts : des persos suffisamment riches
pour qu'on ait envie de les « suivre », une tension qui
ne retombe pas, une histoire solide. Rien que ça, oui.
Enfin, l'autre gros atout à mon avis :
l'immersion dans les bayous de Louisiane est grandement facilitée
par la qualité de la « peinture » proposée. Mais
attention : pas de guide touristique, pas de thèse en histoire
ou en ethnographie, ici tout est utile et tout fonctionne. Et pour
réussir ça, il faut un peu connaître son sujet. Alors, j'ignore si
l'auteure connaît personnellement la Louisiane, mais il paraît
évident qu'elle s'est documentée. Ça transpire le bayou, les
négriers, le commerce des esclaves, les indiens... Le résultat est
là. Je n'ai pas l'impression de surfer de manière superficielle sur
quelques vagues poncifs, mais bien d'avancer pas à pas dans les
arcanes d'une société basée sur l'esclavagisme et le commerce des
noirs africains. C'est glaçant et moite à la fois, ça prend aux
tripes. Comme l'ensemble de ce roman.
Morgane : merci. Bravo. Au plaisir de te
lire à nouveau.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire